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Collection Dis-moi oui ! 1/3 : Les dessous

Aujourd’hui j’aimerais revenir sur une expérience passionnante qui a occupé mon mois de mars, la création avec mon amie Aline de notre collection cérémonie.

Cela fait un moment que me trottaient dans la tête des tenues de mariage civil basées sur mes patrons chouchous, des patrons « de tous les jours ».

Par ailleurs, j’avais envie d’animer ma boutique sur Capsul Studio. Depuis le départ, j’essaie de créer une unité stylistique à cette page, en étant fidèle à mon propre style, mais je voulais aller plus loin, tenter une expérience ! Et montrer qu’on peut faire ce qu’on veut d’un patron, en jouant sur les matières et en les détournant, sans nécessairement les modifier.

Cette collection c’est avant tout une histoire d’amitié. Je parle souvent d’elle sur Instagram ; Aline, ma complice de couture et de bien d’autres choses, mon amie. On a beaucoup en commun, on est aussi très différentes, et on a maintenant un petit paquet d’années d’amitié. On a démarré la couture quasiment ensemble. J’admire son approche : elle se lance ! Elle veut un vêtement ? Elle y va sans être impressionnée par la technique, et le résultat est toujours incroyable. Et au passage elle aura appris les techniques ad hoc. Tout le contraire de moi ! Avant de décalquer ou créer un patron, je tourne dans ma tête toutes les étapes, les techniques, et refait mentalement la gamme de montage, jusqu’à la maîtriser, presque la savoir par cœur, et seulement enfin je découpe. Donc vous imaginez que je ne suis pas une rapide, et que je me suis bien souvent bridée sur certains modèles. En plus, Aline est super organisée (déformation professionnelle ?), ce que je ne suis pas du tout. Et elle a acquis une expérience de pro dans l’univers du mariage civil.

Donc c’était évident pour moi qu’on la ferait ensemble cette collection. Et forcément elle était hyper partante, parce qu’en matière de couture, il suffit de pas grand chose pour qu’on s’enflamme toutes les deux !…

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Bref, on a bâti chacune selon notre style, et en cohérence l’une avec l’autre, une petite collection dans l’univers du mariage civil. La mariée, les invitées/témoins, les petites filles d’honneur.

Une fois le projet présenté, et accepté par l’équipe de Capsul Studio, ce fut d’abord une sorte de bouillonnement où les idées fusaient sur tous les fronts, dans tous les sens. C’était nécessaire : à partir d’une inspiration, se créer un univers, penser couleurs, matières, cadre, atmosphère, avoir une cohérence, une uniformité et surtout projeter sur des personnalité, des silhouettes, des visages.

Aline avait fixé la feuille de route, avec des deadlines pour chaque poste et chaque étape de conception (elle est redoutable !) ; elle a créé un tableau Trello auquel on avait toutes les deux accès, et qu’on actualisait/enrichissait à chaque étape. Ça a été essentiel à notre communication et à notre motivation.

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On a échafaudé des tas de listes, chacune de notre côté, et qu’on partageait ensuite : nos modèles préférés, les lieux rêvés pour la séance photo, les matières dont nous disposions et celles que nous devions nous procurer. Un soir on a contacté les filles dont nous rêvions (oui, il y a beaucoup de rêve dans tout cela !…) pour le shooting. L’image de base ce sont ces photos joyeuses de sortie de mairie/de cérémonie, ou la mariée entourée de ses amies respirent la grâce, la magie de ces instants un peu intemporels, hors des préoccupations quotidiennes. Donc on voulait des personnalités rayonnantes, des filles de caractère avec leur univers propre, jolies, naturelles, pour que l’ambiance de la séance soit lumineuse. Les petites filles étaient toute trouvées, on en a 5 à nous deux… Par bonheur, Soizic, Elaine et Séverine ont répondu avec enthousiasme et bienveillance à notre projet un peu fou, on a trouvé un créneau qui convenait à toutes pour la séance photo : la date fixée, tout prenait sa place, le rythme de travail était lancé, le projet scellé. Il y a eu la journée shopping bien sûr, et lorsqu’on avait tout, les modèles et les matières premières, on s’est jeté dans la couture.

Voici mon processus et mes impressions. Dans l’article suivant je donnerai la parole à ma comparse !

Une fois les « mannequins » trouvés, une grande partie de l’inspiration s’est fixée : c’est très important dans ma démarche créative de projeter mes idées sur une personnalité. Le vêtement et la personne à laquelle il est destiné infusent l’un l’autre, se nourrissent.

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Le pivot et même la genèse de ce projet est l’ensemble blouse Dahlia + jupe Highland. Vous savez combien je suis attachée à l’univers Dessine-moi un patron d’Emilie. Ces deux-là, ça faisait des mois que je les imaginais ainsi. J’ai bâti le reste de ma collection autour de cet ensemble romantique. Nos listes étaient ambitieuses, et nous n’avons pas cousu tout ce que nous imaginions (et finalement heureusement, comment aurait-on pu prendre toutes ces tenues en photo ?!?). Je voulais un équilibre entre les catégories de pièces, et elles se sont réparties ainsi : 2 mariées, 3 pièces invitées, 2 pièces petite fille. Une harmonie de couleurs s’est établie, dans des tonalités allant du rose poudré au vert d’eau, des teintes un peu diluées, estivales, douces. Une chose insignifiante mais qui a boosté ma motivation : j’ai acheté un portant à vêtements à Ikea (le blanc tout sobre), et j’y ai accroché au fur et à mesure les vêtements cousus. Voir la collection avancer et s’élaborer joliment était galvanisant. Dans le même temps je notais les images, les postures, les compositions qui me venaient pour la séance photo, on mettait en commun nos fonds de placard pour les accessoires, chaussures, on se mettait à jour sur la mise en beauté naturelle. Toucher du doigt le stylisme d’une séance photo m’a tellement plu !…

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Je ne voulais pas que ce projet non professionnel ait un impact sur la vie quotidienne de ma famille, spécialement mes enfants. J’ai donc beaucoup travaillé la nuit !… Ça tombe bien, ce sont mes heures les plus créatives et efficaces (depuis toujours). Ce n’est pas raisonnable, évidemment, et pas compatible très longtemps avec mon mode de vie, on est d’accord ! Mais sur cette courte période, ça a été un vrai défi. C’était simple : « je ne me couche pas tant que je n’ai pas fini telle pièce ».

Une semaine avant la séance photo, il a bien fallu se rendre à l’évidence : le shooting en extérieur était très compromis. Un trop gros risque qu’on ne voulait pas prendre au vu de la météo annoncée. À défaut des jardins du Palais Royal qui était notre premier choix, on cherchait un lieu qui voudrait bien nous accueillir, mais il y avait toujours une contrainte, un aspect qui ne collait pas. Et puis je ne sais pas, le dimanche, comme ça, j’ai lancé : « Et si on la faisait chez moi, la séance ? »

C’était un peu fou mais tout s’imbriquait bien, et les idées de transformation et de déco fusaient à nouveau. J’allais transformer ma salle à manger en salon d’essayage à la façon des ateliers de couturière anciens. Il faut dire que je venais de regarder Tiempo entre costuras (L’Espionne de Tanger), qui baigne dans cet univers.

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Mon petit synopsis c’était : le dernier essayage avec la couturière avant le grand jour, mais aussi ce temps privilégié où la mariée se prépare avec ses amies. Aline – merci à elle – m’a fait entièrement confiance, et j’ai passé la dernière semaine à jongler entre couture la nuit, donc, et recherche des éléments déco le jour – avec l’aide de mes proches. Sostrene Grene, Emmaüs, Zôdio, Bonton, Alinéa, mon traiteur, le boulanger, le fleuriste, la maison de mes parents : j’ai pioché partout les éléments de ce décor. Là encore, c’était un plaisir, malgré le temps qui filait à toute allure et me mettait la pression. Il y aurait un pôle « décor » pour les photos d’ambiance et un pôle « neutre »  pour les photos plus techniques, avec un drap ancien teinté en guise de fond. Et puis grâce à ces jolies photos, je garderai une trace de cet appartement que j’aime tant, quand nous n’y serons plus.

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Ce samedi matin de mars, malgré nos premières hésitations, la séance photo a été mené allègrement, et l’alchimie s’est faite entre tous, amies, proches, membres de notre famille, qui nous ont soutenus. Ils ont tous apporté quelque chose de décisif. Soizic, sa patience et son allure romantique, Elaine, sa classe incroyable et son expertise en matière de pose et de photo, Séverine et son naturel doux et éclatant, Elisabeth et ses photos inattendues et parfaites, Mehdi qui a joué les silhouettes, les régisseurs, puis plus tard l’expert Photoshop. C’était joyeux, c’était doux, le stress est passé au second plan. Je ne les remercierai jamais assez.

 

Hormis nos compétences en couture, nous étions novices et amatrices dans la plupart des domaines, mais c’était tellement galvanisant. Ce projet réunissait tous les domaines qui m’atti

rent, qui me plaisent, dans lesquels je m’éclate. C’était grisant. Je me suis sentie vivante. Souvent je me disais que c’était fou, faire ça pour la beauté du geste, mais un encouragement, une parole motivante ou bienveillante (souvent féminine !) arrivait toujours à point nommé pour me dire que ça valait la peine, que je n’étais pas folle.

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Quelle aventure !… À la fin de tout cela on est tombé dans les bras l’une de l’autre. « On l’a fait ! » On avait relevé le défi, on avait concrétisé nos idées folles, et le résultat nous ressemblait. Si on a fait tout cela, c’était par pure passion, pour le plaisir, et un peu aussi pour le tour de force.

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